
Rue de la Chaussée d’Antin
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La rue de la Chaussée-d’Antin est une voie du 9e arrondissement de Paris, reliant l’église de la Sainte-Trinité au nord aux grands boulevards au sud.
Au XVIIe siècle, le chemin des Porcherons reliait la porte Gaillon (une des portes de l’enceinte édifiée sous Louis XIII) au petit village des Porcherons situé plus au nord, en traversant un espace marécageux.
La rue porte le nom de « chaussée », car en raison du terrain marécageux, il a fallu la surélever, la poser sur une espèce de digue. À la hauteur de la rue de Provence, la chaussée franchissait le « Grand Égout » de deux mètres de large environ.
Les fréquents séjours de Louis XV dans Paris amenèrent à y construire de splendides demeures, tel l’hôtel de Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin (1665–1736), fils de la marquise de Montespan et surintendant des Bâtiments du Roi, qui donna son nom à la rue dès 1712. L’ordonnance du a porté la largeur de la rue à 8 toises et l’a prolongée jusqu’aux boulevards.
À l’angle du boulevard des Capucines, se trouvait l’hôtel de Montmorency, qui fit place au Théâtre du Vaudeville en 1869, puis au cinéma Paramount Opéra en 1927. Sa grande salle correspond aux fondations du grand salon de l’hôtel du XVIIIe siècle, dont la façade en rotonde a été conservée.
Le Cabaret de la Grande Pinte se trouvait à l’emplacement actuel de l’église de la Trinité. Ouvert en 1724, il pouvait accueillir 600 personnes pour des réjouissances populaires1.
À l’angle du boulevard des Italiens se trouvait le Dépôt des Gardes-françaises construit par le colonel duc de Biron en 1764. Le , un détachement des gardes françaises dut intervenir pour sauver son colonel M. Duchâtelet de l’effervescence populaire2.
Plusieurs beaux hôtels (aujourd’hui disparus) furent construits dans la rue, car le quartier avait la réputation d’un air plus sain que le centre de Paris :
- no 5 : hôtel de Louise d’Épinay et de Melchior Grimm qui hébergèrent Mozart pendant cinq mois en 1778.
- no 9 : hôtel de Marie-Madeleine Guimard, une danseuse de l’Opéra qui fit fortune comme maîtresse du prince de Soubise. Il fut construit en 1770-1773 par Claude-Nicolas Ledoux dans le style néo-classique.
Surnommé « le temple de Terpsichore couronné par Apollon » en l’honneur de la maîtresse de maison, il comportait un théâtre de 500 places qui faisait concurrence à l’opéra.
- no 20 : En fond de parcelle, hôtel Lakanal dit également hôtel du général Moreau, construit en 1797 par l’architecte François-Nicolas Trou dit Henry pour Joseph Lakanal, ancien conventionnel et membre du Conseil des Cinq-Cents. C’est dans cet hôtel que fut préparé le coup d’État du 18 Brumaire. On ignore si Henry fut également l’architecte des maisons construites sur la rue, nos 18 à 22, pour lesquelles un permis de construire fut délivré au Sr Bonin en 1790. L’hôtel est un édifice de deux étages avec portique d’entrée présentant l’originalité d’un ordre ionique sans base. Une aile est ajoutée en 1801. Au milieu du XIXe siècle, l’hôtel et l’aile sont surélevés de deux niveaux et les façades sont modifiées. En 1977, 400 fragments sculptés appartenant à la façade de Notre-Dame de Paris sont retrouvés dans la cour de cet hôtel, notamment les têtes des statues des rois de Juda de la façade de la cathédrale, qui avaient été détruits par les révolutionnaires qui croyaient qu’il s’agissait des rois de France.
- no 24 : ouverture en 1910 de la boutique d’Herminie Cadolle, la créatrice du soutien-gorge.
- no 46 : hôtel de Mirabeau où il mourut le après un repas bien arrosé avec le prince de Talleyrand et le littérateur italien Cérruti3. Sa mort provoqua une vive émotion et réunit des foules affligées. La rue fut rebaptisée rue Mirabeau, puis en 1793, à la disgrâce posthume de Mirabeau, rue du Mont-Blanc du nom d’un département nouvellement rattaché à la France. Elle retrouva son nom originel en 1815.
- no 68 : hôtel du cardinal Fesch, archevêque de Lyon et oncle de Napoléon
- Hôtel de Montesson : situé à l’angle des rues La Fayette et de la Chaussée d’Antin (à l’emplacement de l’actuelle cité d’Antin), il avait été construit par Alexandre-Théodore Brongniart, vers 1770, pour Madame de Montesson, maîtresse du duc d’Orléans. Un long passage voûté reliait la rue à la cour. Vers la rue Taitbout, la façade sur le jardin était rythmée de pilastres ioniques, à l’image des hôtels construits dans le quartier par Boullée. Siège de l’ambassade d’Autriche sous le Premier Empire, l’hôtel fut le théâtre d’un terrible incendie en 1810. Une plaque apposée au mur rappelle cet événement.