
Place des Vosges
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L’ancienne place Royale de Paris, rebaptisée place des Vosges en 1800, est une place du Marais, faisant partie des 3e et 4e arrondissements parisiens. Conçue par Louis Métezeau, elle est la « sœur » de la place Ducale de Charleville-Mézières. C’est la place la plus ancienne de Paris, juste avant la place Dauphine.
La place fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 1.
Elle est réputée pour être le lieu de résidence de plusieurs personnalités issues du monde politique, artistique ou médiatique
Le 20 juin 1559, près de l’actuelle Place des Vosges, célébrant le mariage de sa fille (Élisabeth) avec Philippe II d’Espagne, Henri II de France combat contre Gabriel de Montgomery, capitaine de sa Garde écossaise, qui le blesse d’un coup de lance dans l’œil. Malgré les soins des médecins et chirurgiens royaux dont Ambroise Paré, autorisé à reproduire la blessure sur des condamnés fraîchement décapités afin de mieux la soigner, et de Vésale, envoyé de Bruxelles, il meurt dans d’atroces souffrances le 10 juillet 1559.
La « place Royale », dont la construction débute en 1605 sous le règne d’Henri IV sur l’emplacement de l’hôtel des Tournelles2 de triste mémoire, est inaugurée en 1612, à l’occasion des fiançailles de Louis XIII et d’Anne d’Autriche par un grand carrousel dirigé par Antoine de Pluvinel.
Le centre de la place, plat, sablé, dégagé, sert de terrain aux cavalcades, aux tournois, aux jeux de bagues et parfois aussi à des duels dont certains sont restés célèbres, tel celui qui coûte la vie à François de Montmorency-Bouteville en 1627.
En 1670, la place publique devient un jardin clos. Une pelouse est plantée, découpée par des allées ensablées suivant les médianes et les diagonales du carré. Il est interdit de piétiner les pelouses ainsi que de jouer au volant, à la paume, aux quilles et aux boules dans les allées. Une grille de fer forgée, ouverte de quatre accès, est posée en 1687. L’accès aux jardins est interdit aux gens mal vêtus, toutefois, sur la place Royale, ils sont admis un jour par an, le 25 août, fête de Saint-Louis. En 1738 est créé le premier emploi de gardien de square par le Bureau de la Ville pour faire respecter le règlement. À la demande des riverains, des arbres furent plantés à la fin du XVIIIe siècle3.
Lors de la Révolution française, elle est successivement rebaptisée « place des Fédérés », « place du Parc-d’Artillerie », « place de la Fabrication-des-Armes » et « place de l’Indivisibilité ». En 1800, elle est renommée « place des Vosges » en l’honneur du département des Vosges, le premier à s’être acquitté de l’impôt sous la Révolution française et, accessoirement, l’envoi des premiers volontaires, issus de l’arrondissement de Remiremont, pour défendre la patrie en danger. Le retour de la monarchie lui rend son nom initial de « place Royale » de 1814 à 1830 et de 1852 à 1870. Elle porte aussi brièvement, en 1830, le nom de « place de la République ».
Dans les années 1830, Charles Sellier, chef de la société chorale des Céciliens, a l’idée de rassembler l’ensemble des sociétés chorales parisiennes afin de donner à la Ville de Paris une aubade formidable. Cinq cents chanteurs répondent à son appel et se réunissent place Royale. Le gigantesque concert obtient un succès prodigieux et c’est au milieu des applaudissements et des vivats que les orphéonistes prennent congé de leurs auditeurs émerveillés4.
Les grilles du jardin sont remplacées en 18405.
L’écrivain antisémite Édouard Drumont affirme dans La France juive (1886) que les juifs sont installés dans plusieurs endroits de Paris, dont la place Royale. « À part deux ou trois, toutes les maisons de la place Royale, me disait Alphonse Daudet qui a logé là longtemps, sont à des Juifs. Cette belle place qui fut bâtie par Henri IV, (…) qui assista aux duels héroïques des raffinés, (…) est possédée maintenant par quelques usuriers ou quelques remisiers véreux. »